
La filasse
Le chanvre est semé fin avril, par un temps humide, dans une terre humide, argileuse et recouverte d’une épaisse couche d’humus, une matière issue de la décomposition des débris végétaux. Il y a 2 périodes pour récolter le chanvre, car il s’agit d’une plante dioïque ; les fleurs mâles et femelles sont sur des pieds différents. Ainsi, les tiges femelles qui portent les graines sont à maturité plus tardivement que les tiges mâles. Une fois arraché, le chanvre est lié en petites bottes dressées en faisceaux.
Les fibres textiles sont contenues dans la tige du chanvre ; la coupe transversale du chanvre présente de l’extérieur vers l’intérieur : l’épiderme, le parenchyme cortical, le péricycle formé d'un parenchyme à paroi mince, à l’intérieur duquel sont noyés les faisceaux de fibres textiles, le liber et enfin le bois. Pour isoler ces fibres, les tiges sont soumises à un traitement spécifique : le rouissage. Cette technique permet de dissoudre les matières gommo-résineuses qui agglutinent les fibres entre elles. Il peut se faire à l’eau courante, soit en vert, aussitôt après la récolte, soit sur paille sèche à l’eau stagnante donnant une filasse de moindre qualité que précédemment, ou par rouissage bactériologique ou chimique ; puis une étape de séchage s’effectue à l’air libre.
Le teillage a pour but de séparer la paille et le bois des fibres. En effet, si le rouissage a éliminé les matières gommo-résineuses, il n’a pas détruit la paille qu’il est nécessaire de faire disparaître par un traitement mécanique comprenant le broyage et le teillage. Le produit obtenu à la suite de ces traitements constitue la filasse.
La filasse, encore impure, est peignée ; la plus fine est utilisée en filature et les fils obtenus servent au tissage d’articles très variés (torchons, toiles de ménage) soit purs soit en combinaison avec des fils de coton, de lin ou de laine. D'ailleurs, une toile de chanvre et de laine appelée melotin était fabriquée à Chauvigny.
Les qualités les plus ordinaires donnent en filature des fils plus gros, utilisés pour le tissage de grosses toiles à voile, bâches ou prélarts (toile peinte, goudronnée ou cirée pour être imperméable).
Les vieux cordages et déchets de filasse peuvent être réutilisés en papeterie pour obtenir des papiers fins et très solides. Les déchets, ou étoupes, provenant du teillage servent pour le rembourrage ou le calfatage ; les graines ou chènevis donnent, par pression, une huile siccative utilisée en peinture ou en savonnerie, tandis que les tourteaux obtenus lors du pressage des graines sont employés comme engrais ou pour la nourriture des bestiaux.