Suzanne Tranchant, photographe des champs de bataille

Suzanne Tranchant, photographe des champs de bataille

L’armistice de la Grande Guerre est signé le 11 novembre 1918, mais tous les soldats ne sont pas encore rentrés du front et les champs de bataille sont encore brûlants des tueries. La guerre est finie, mais la France doit maintenant pleurer ses millions de morts, soigner ses blessés, déblayer les ruines, et se relever. Alors que la plaie est encore béante, Suzanne se met en route à partir de 1919 et parcourt les champs de bataille de la Grande Guerre à bicyclette, armée de ses appareils photographiques. Elle se rend en Champagne, dans l’Aisne et la Somme, les territoires les plus touchés. Elle veut montrer la guerre, témoigner de cette horreur à sa manière.

De la guerre, Suzanne photographie principalement les ruines et les tranchées désertées, comme pour montrer que toute vie a déserté ces lieux, pour dénoncer, de manière presque brutale mais très simple, les conséquences de la guerre. C’est une image authentique, sur laquelle règne un silence de mort ; pas de vie, pas de bruit, juste le constat des ravages d’un conflit dévastateur qui vient de s’achever. Le conflit est achevé, mais il marque encore le paysage.

Les églises, les monuments qui témoignaient d’une histoire passée et du patrimoine français sont éventrés, à l’image du pays ; l’ennemi a peut-être été vaincu, mais il a laissé une trace douloureuse de son passage, il s’est attaqué à des valeurs et à une histoire à jamais mutilées. Certains semblent engloutis sous les gravats, comme happés par la terre. Les maisons n’ont pas non plus été épargnées par les nombreux bombardements et des villages entiers ont été détruits.